IDH et émissions carbone
Commençons par admirer le joli feu d’artifice ci-dessous. Chaque point représente pour un pays donné et une année donnée (entre 1990 et 2017) l’indice de développement humain en fonction des émissions de CO2 par habitant. Le point cible vert correspond à un HDI de 0.9 (celui de la France en 2017) pour des émissions de CO2 de 2 tonnes.
Quelques remarques inspirées par ce graphique :
- La plupart des pays ont vu leur HDI augmenter considérablement en 3 décennies.
- A partir de 6 tCO2 par an, le niveau de développement n’est plus vraiment corrélé au niveau d’émissions. Mais en dessous, c’est très différent :
- Aucun pays émettant moins de 2 tonnes n’a en 2017 un IDH supérieur à 0,7.
- Un seul pays (la Roumanie) émettant moins de 4 tonnes a un IDH supérieur à 0,8.
- Et seulement 3 pays ayant un IDH supérieur à 0,9 émettent moins de 6 tonnes : la Suisse, la Suède et la France.
- On mesure le challenge considérable que représente pour l’humanité la poursuite de l’augmentation de l’IDH, notamment pour les milliards d’humains habitant dans les pays à faibles émissions et la maitrise et la nécessaire réduction des émissions mondiales. Si 10 milliards de Terriens en 2050 devaient converger vers un IDH de 0,9 et 7 tonnes, ce seraient 70 Gt qui seraient émises, le double d’aujourd’hui, une concentration du CO2 qui augmenterait de 6 à 8 ppm par an et une rapide pénurie des ressources fossiles.
- Pour ne pas avoir à choisir entre le développement et l’apocalypse, il n’y a qu’une solution. Que les pays riches réduisent drastiquement leurs émissions de CO2. Que les pays en développement augmentent leur niveau de vie tout en maitrisant l’augmentation de leurs émissions.
- La balle est aujourd’hui avant tout dans le camp des plus fortunés. C’est à eux qu’il appartient de démontrer qu’un haut niveau de développement est possible tout en abaissant le niveau des émissions à 4 tonnes, puis 3, puis 2 et peut-être moins encore. Ce sera aussi à eux d’apporter leur support aux pays les plus pauvres pour qu’ils atteignent leurs objectifs de développement sans passer par la case hautes émissions carbone.
- Parmi ces pays riches, quelques-uns sont résolument orientés sur la voie des réductions. On trouve parmi eux la France, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne. Ces pays « premiers de cordée » auront un rôle majeur dans la transition carbone qui va au-delà de la réduction de leurs propres émissions. D’une part, ils contribueront par leur exemple à entrainer les autres pays riches, notamment les pays charbonniers, d’autre part, il pourront démontrer aux pays en développement la faisabilité de combiner un niveau de développement élevé avec des émissions carbonées limitées.